La petite sétoise
Elle revoit ses doigts racornis et les
Crevasses sur ses mains endurcies
Elle entend encore le bruit des vagues la nuit
Qui ondulent en rouleau sur la quille
Elle revoit s'éloigner et s'effacer le chalutier
sur la mer endormie
Elle revoit son visage, sa peau noircie
Exposée, sacrifiée, jour et nuit
Et sa vareuse usée, pliée au pied de son lit
Elle pose la main sur son cœur
et revoit son père, le pêcheur
Souvenirs qu'elle ne peut oublier
Sur les quais un peu rouillés
Accrochées aux creux des étriers
Elle guettait son retour près
Des barques aux couleurs surannées
Elle se souvient des histoires racontées
ramenées des abysses et odyssées
Elle rêve
Elle rêve de ce ciel lumineux
Du désordre matinal, du cris des pécheurs et des maraîchers
Des persiennes qui claquent aux murs des maisons aux couleurs bigarrées,
Le parfum des sardines grillées à l'heure du déjeuner
Olives et anchois sur la nappe froissée
Pays lumineux et regretté
Le Sud, qu'elle rêve de retrouver
Poca